Définition

Si c’est pour une fille, c’est plus cher que pour un garçon ! Ah bon ? Le terme désigne tout ce qui relève du sexisme dans le marketing. La tarification différenciée selon le genre se manifeste essentiellement dans les produits de beauté, d’hygiène et les vêtements. Cependant, lorsqu’on ouvre l’œil, on peut la déceler dans de multiples services : le prix « coupe femme » et « coupe homme » dans les salons de coiffure ou d’esthétique en est un exemple très concret.

BRIBES DE Récits

« Pour les affaires de gymnastique de ma fille, je compare toujours les prix avec les mêmes affaires du rayon “garçon”. Presque à chaque fois, c’est moins cher. Il n’y a que la couleur qui change. Puisqu’elle préfère le vert et le bleu au rose, ça tombe bien ! »

« Pendant longtemps, j’ai vraiment cru qu’il y avait une vraie raison à ce qu’il y ait des shampoings pour hommes et d’autres pour femmes. Lorsque j’allais dormir chez mon copain, quand j’étais étudiante, je ne me lavais jamais les cheveux avec ses produits. J’avais trop peur que mes cheveux tombent ! Puis un jour, j’ai vu un dentifrice spécial homme et là je me suis dit qu’on nous prenait pour des tartes ! »

« Même si nous avons tenté de ne pas transmettre à nos enfants des idées d’affaires de “filles” et d’autres de “garçons”, dès l’entrée à la crèche, on a pu remarquer à quel point le fait de fréquenter d’autres enfants les influençait ! Je me mettais une grosse pression au début, puis j’ai réalisé qu’on ne pouvait pas tout contrôler… On ne peut qu’essayer de nuancer ! »

UN PEU DE RECUL

Le concept de Taxe Rose n’est pas une réelle taxe à proprement dit, dans le sens où elle n’a pas de fondement légal. C’est un terme informel qui désigne cependant une pratique très concrète : les produits à destination « des filles/femmes » coûtent plus cher que leurs équivalents (même produit, même usage) destinés aux garçons/hommes.

Cette « Taxe Rose » participe à sa manière à entretenir les inégalités économiques entre les genres. En effet, malgré les nombreuses dénonciations féministes et les travaux politiques visant à une plus grande égalité, les femmes continuent de gagner moins que les hommes : à travail égal, leur salaire reste plus bas.

Dès lors, une femme (qui gagne moins) paie plus cher un produit/service, que ce que ne le paierait un homme (qui gagne plus). Dans cette logique, les femmes sont encore bien les dindes de la farce !

À l’international, plusieurs pays ont légiféré en vue d’interdire ce type de pratique. Par exemple, l’État de New York a adopté en 2016 la loi « Pink Tax Repeal » qui vise à interdire une différence de prix genrée sur les produits de soin personnel. (source : https://cdn.opc.gouv.qc.ca/media/documents/a-propos/publication/OPC_etat_des_lieux_taxe_rose_.pdf)

En Belgique, aucune action réellement concrète n’a été menée à l’encontre de cette fameuse Taxe Rose. Cependant, dans la même idée, les protections menstruelles (tampons et serviettes hygiéniques) étaient taxées à 21 %, comme les produits de luxe. Ce n’est qu’en 2018 que la TVA a baissé à 6 %, à l’instar des produits de première nécessité. (source : https://www.cesewallonie.be/sites/default/files/uploads/avis/CWEHF_84_1.pdf)

Des pistes pour agir

On ne le répètera jamais assez, les produits n’ont ni sexe ni genre. Le principe de la Taxe rose est une vaste arnaque qui s’appuie sur les stéréotypes de genre pour induire des comportements et des habitudes d’achat lucratives pour les entreprises. Il n’y a aucune bonne raison expliquant le fait de payer davantage un produit uniquement parce qu’il est destiné aux femmes. Plusieurs moyens de contrer cette pratique sont possibles :

Recourir à la législation et aux réglementations : dénoncer et interpeller lorsque des faits de « Taxe Rose » sont observés. Ce n’est pas de la délation, mais bien de l’activisme pour un plus grand respect des lois défendant l’égalité entre les sexes et entre les genres. La Taxe rose est une pratique sexiste qui entretient et perpétue les stéréotypes et discriminations genrées, en dépouillant injustement les femmes de leur argent !

Encourager les enseignes promouvant l’aspect non genré/unisexe des produits ou des services : acheter leurs produits ou services, les promouvoir autour de moi, soutenir leur visibilité et leurs actions. Par exemple, choisir un salon de coiffure pratiquant des prix selon le type de service et non selon les (dépassées) « coupe femme » ou « coupe homme ».

Consommer des produits, peu importe le genre qui leur est assigné : faire fi des rayons dans lesquels les objets sont rangés. Un rasoir est un rasoir, un shampoing reste un shampoing, etc.

Faire pression sur les enseignes : interpeller et questionner les structures recourant à la Taxe rose. Exposer les problématiques liées au sujet, les y sensibiliser et les confronter quant aux enjeux de discrimination et de disparité qui en résultent.

Un peu d’inspiration…