Définition

En mathématique, la lettre X est utilisée pour désigner l’inconnue dans une équation. Dans le langage courant, on l’utilise pour signifier l’anonymat d’une personne (Madame X) ou l’absence d’une donnée (il y avait X personnes à cet évènement). Dans notre société patriarcale, encore bien trop empreinte de sexisme, il apparaît que les femmes et leurs réalités, leurs productions, mais aussi leurs besoins spécifiques, restent peu visibilisés, peu reconnus, peu étudiés. C’est notamment le cas dans les champs de la recherche scientifique et du médical, mais aussi dans le design, dans l’architecture, la conception des espaces publics, etc.

BRIBES DE Récits

« Ma mère est décédée d’un infarctus. Cela faisait quelques jours qu’elle nous disait se sentir mal, mais ses symptômes ressemblaient à une mauvaise gastro. Elle s’est finalement rendue aux urgences où elle a patienté longtemps. Par la suite, grâce à un dépliant de ma mutuelle, j’ai appris que les symptômes n’étaient pas les mêmes chez les hommes que chez les femmes. Si j’avais su… »

« Durant mes études de pharmacienne, j’ai été particulièrement surprise de découvrir que la plupart des médicaments étaient mis sur le marché après des essais cliniques principalement effectués sur des échantillons masculins. Il en résulte que les dosages et les effets secondaires pour les femmes restent largement méconnus. Cela me révolte. »

« Je suis cuisinière, dans des restaurants renommés. Il y a quelques années, j’ai travaillé pour un chef qui était assez “petit”, environ 1m70. Il avait conçu et dessiné sa cuisine sur mesure, tout y était plus accessible. Cela m’a frappé combien cela était confortable pour moi, qui fait environ la même taille, d’y travailler. Les étagères étaient à portée de mains, le plan de travail était à la bonne hauteur… »

UN PEU DE RECUL

Les expériences et réalités spécifiques des femmes restent largement ignorées, minimisées ou marginalisées dans les domaines encore majoritairement masculins. Le manque de représentation des femmes aux postes clés de secteurs tels que ceux de la recherche scientifique, du médical, de l’ingénierie, du design, etc. donnent lieu à des biais sexistes de résultats et de productions. C’est-à-dire que les productions (médicaments, ustensiles, instruments, etc.) sont pensées et réalisées sur base d’un modèle unique, unisexe, agenre : l’homme-type. Le hic, c’est que cette figure étalon n’est pas universelle. Ainsi, alors que les médicaments sont principalement testés sur des échantillons masculins, les femmes souffrent davantage d’erreurs de diagnostic, d’effets secondaires ou de traitements moins efficaces.

Lors d’accident de voiture, les femmes sont davantage blessées par les ceintures de sécurité et les airbags que les hommes. En effet, les mannequins utilisés lors des tests de crash de voiture étaient modelés selon une silhouette d’homme lambda. Les exemples de biais sexistes de manque pas, il est important de continuer à les déceler afin de les identifier pour mieux les déjouer.

Des pistes pour agir

Envisager la recherche de manière inclusive : encourager la recherche intégrant la diversité des réalités féminines. Cela implique de prendre en compte les différences de genre dans la collecte et l’analyse des données.

Mener des études différenciées selon le genre : solliciter le financement d’études médicales et scientifiques qui incluent des échantillons représentatifs des deux genres afin de mieux comprendre les effets différenciés des traitements, des médicaments et des dispositifs sur les hommes et les femmes.

Adopter une approche intersectionnelle : décrypter les recherches en prenant en compte les multiples dimensions de l’identité, y compris le genre, la classe sociale, l’ethnicité, etc., afin de saisir la complexité des expériences individuelles.

Promouvoir la diversité dans les postes clés : une représentation équilibrée et diverse aux postes de décision est cruciale pour créer des environnements inclusifs et égalitaires.

Pousser des politiques de recrutement inclusives : réfléchir les recrutements favorisant la diversité, envisager des quotas ou des programmes de mentorat visant à soutenir les femmes dans des secteurs traditionnellement masculins.

Encourager la présence de femmes dans des postes de direction et de décision : permettre ainsi une représentation équilibrée des intérêts et des besoins dans la conception et la mise en œuvre des politiques.

Un peu d’inspiration…

  • À lire : Femmes invisibles — Comment le manque de données sur les femmes dessine un monde fait pour les hommes, Caroline Criado Perez, éd. First, 2020.
  • À regarder : Femmes & santé, une histoire d’inégalités | Muriel Salle & Patricia Lemarchand #PrintempsDesFameuses, rediffusion d’une conférence, 2021, disponible en ligne.